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Les vies de l’Hôtel-Dieu (ou comment essayer de résumer huit siècles d’Histoire en 12 lignes)

– En 1184-1185 frottage de mains des Frères Pontifs, ils sont chargés de bâtir un pont en bois sur le Rhône pour relier la ville à la route Lyon Vienne, venant de la Guillotière, alors en Dauphiné. Les frérots prennent des initiatives et comme à leur habitude construisent un petit hôpital (12 lits) à l’extrémité du pont, à l’emplacement de l’actuelle chapelle.

C’est l’hôpital du Pont du Rhône, l’Histoire est en marche.

– Il passe par plusieurs ordres religieux qui souhaitent tous appliquer leur principe de Charité, mais être un bon chrétien coûte cher, et les derniers proprios en date refilent le bébé aux échevins de la ville (le conseil municipal de l’époque). S’ils parviennent à racheter le bâtiment en 1478, c’est avec la vente d’un petit hôpital situé quartier St-Paul, édifié par… Childebert Ier et son épouse Ultrogothe, catapultés du coup sur la façade (Bien plus tard).

– Des travaux d’agrandissement (de 1478 à 1480) et un célebrissime médecin François Rabelais (nommé en 1532, mais remercié deux ans plus tard pour absentéisme), et l’Hôtel-Dieu peut se vanter d’une jolie réputation en ce début de 17e siècle. Seul petit hic qui noirci un peu le bazar, les malades couchent encore à quatre ou cinq par lit* (non vous n’avez pas mal lu). Le Rectorat se retrousse alors les manches et élève le cloître et la fameuse salle dite « des quatre rangs ». Pourquoi ce nom ? Parce qu’elle forme une croix qui permet de séparer les malades avec au-dessus de leur tête un grand dôme, le Dôme des quatre rangs pour ceux qui ont suivi.

– 1637, on continue le ménage et à la place du premier bâtiment est construite la Chapelle.

– Plusieurs architectes au 18e siècle vont jouer des coudes pour être premier de la classe, je vous épargne le suspens, c’est Soufflot qui gagne avec la construction des bâtiments le long du Rhône ! Mais Jean et Ferdinand Delamonce ont aussi leur moment de gloire avec le portail d’entrée en 1706 et le Grand Réfectoire en 1747. Ceci dit Jacques Germain Soufflot ne voit pas sa conception puisque les constructions ne sont finies qu’au 19e siècle, réalisée par plusieurs architectes différents dont Pascalon avec le bâtiment bordant la rue de la Barre, qui a laissé son nom au dernier petit dôme.

– On est plus fort à plusieurs (ou quelques chose comme ça). Après la trouble période révolutionnaire, il est décidé que l’Hôtel-Dieu et l’hôpital de la Charité seraient copains et le ministre de l’intérieur de l’époque, Jean-Antoine Chaptal, dans un arrêté, crée les Hospices Civiles de Lyon.

– Succession de grands médecins et chirurgiens mais quand même menacé de destruction, il sauve son matricule grâce à l’architecte en chef des Monuments Historiques du Rhône qui convint le secrétaire d’Etat aux Beaux-arts. Un hôpital pavillonnaire est alors construit à Grange Blanche selon les plans de celui qui a re décoré Lyon, Tony Garnier. Du coup pour s’assurer longue et heureuse vie, le bâtiment est protégé par trois vagues successives au titre des Monuments Historiques entre 1919 et 1944.

– N’oublions pas les périodes de guerre qui n’ont pas épargné notre trésor lyonnais. En 1914, l’Hôtel-Dieu est réquisitionné et transformé en hôpital militaire. En 1944, joie de la libération, des tirs embrasent le grand Dôme, complètement ravagé par un incendie.. La reconstruction, représente les sculptures originelles.

– La Cité de la Gastronomie se trouvait dans l’ancien musée des Hospices Civils, lui même était dans l’ancienne salle des quatre rangs. A admirer: l’ancienne pharmacie de la Charité.

    


* Un joli spécimen de lit à cinq places est conservé au musée des Hospices Civils.

Sources

  •  Patrice Béghain, Bruno Benoît, Bruno Thévenon, Gérard Corneloup, Dictionnaire historique de Lyon, Ed. Stéphane Bachès. Lyon, 2009